Lorsque je me suis inscrit à Free Haut Débit, j'ai fait attention, comme je le fais toujours, aux cases à cocher ou à décocher afin d'indiquer ce que je souhaite qu'on fasse de mes données. Ainsi, à l'article 6.2 des Conditions Générales de Vente qui me sont applicables, je lis que l'Usager peut s'opposer [à ce] que ses données à caractère personnel soient utilisées dans des opérations de prospection directe par voie postale ou par voie de communications électroniques, à l’exception des opérations concernant la fourniture du service et relevant de la relation contractuelle entre l’Usager et Free. Je considère le marché comme raisonnable : Je donne à mon fournisseur, par contrat, le droit de m'appeler sur la ligne qu'il me fournit, ou de m'envoyer des courriels, pour des opérations de promotions relatives au service qu'il me fournit[1].

En revanche, je suis par principe opposé à l'usage de ces moyens par toute autre entreprise que Free, et là encore les CGV de Free me conviennent, qui disent à l'article 10.4 que Les informations nominatives déclarées par l'Usager et tous éléments d’identification le concernant sont destinées à Free, qui avec l’accord exprès de l’Usager, est autorisée à les conserver en mémoire informatique, à les utiliser, ainsi qu'à les communiquer aux personnes morales de son groupe, voire à des tiers ou à des sous-traitants, pour les besoins de gestion du Contrat de l'Usager et pour faire bénéficier l’Usager d’offres commerciales pour des produits ou services analogues fournis par Free, le tout en application de la législation en vigueur : ayant indiqué ce à quoi Free est autorisé, il s'ensuit que tout le reste est interdit, ce qui inclut la transmission à des partenaires commerciaux, fussent-ils fournisseurs de services annexes à celui de Free.

D'où mon mécontentement quand un commercial de Canal+ m'a appelé sur cette ligne (que pour son propre compte Free n'avait jamais utilisée pour me joindre) : je suis déjà réfractaire à tout démarchage, qui provoque immédiatement chez moi un refus automatique de m'intéresser au produit ou service vanté ; mais quand en plus on le fait sur un numéro dont je sais très bien qu'une seule entreprise la connaît, et que ce n'est pas celle qui m'appelle, là ça devient très désagréable.

Je ne suis pas le seul à avoir subi ce désagrément, loin de là. Les témoignages sur les groupes de support de Free et ailleurs ont été nombreux ; passés les premiers, il est vite devenu clair qu'une grande quantité de freenautes se sont vus démarchés sur leur numéro Freebox bien qu'ayant exprimé leur refus de l'être. On est alors obligé de conclure que Canal+ a obtenu une important liste d'abonnés Free comportant au moins leurs noms et numéros Freebox, que ce soit avec l'aval ou à l'insu de Free. Avec son aval, c'est un manque de respect de l'abonné ; à son insu, c'est un manque de sérieux dans la protection de nos données personnelles ; dans les deux cas, c'est contraire aux CGV.

A cela s'ajoute le silence de Free sur la question. Je suis de ceux qui ne s'en gênent pas beaucoup d'ordinaire, mais ici, la situation eût appelé une clarification. Si Free avait effectivement transmis des listes d'abonnés à Canal+, le reconnaître (et calmer la situation en demandant publiquement à Canal+ de cesser sa prospection) aurait été une excellente démarche en termes d'image. Plus encore si c'était une indélicatesse de Canal+[2]. Et si c'était encore autre chose, ça aurait évité des suspicions aux freenautes (et mille mots environ à vous et moi).

Quoi qu'il en soit, l'incident est resté isolé, non en nombre comme je l'ai dit, mais au sens où cette campagne de promotion désastreuse n'a été suivie d'aucune autre pour l'instant. Une erreur isolée peut être pardonnée, mais une deuxième serait fatale. Si Free ne veut pas communiquer sur le passé, peut-être trouverait-il un intérêt à communiquer pour l'avenir ?

Notes

[1] D'ailleurs, ce droit que je lui ai pourtant concédé, Free l'abandonne quant à sa lettre d'information envoyée par courriel, qu'il me laisse décider de recevoir ou pas

[2] Qu'on pouvait toujours présenter comme "une erreur d'appréciation" ; je ne suis pas opposé à la subtilité dans la communication.